Votre livre célèbre une nature mystérieuse, pleine de secrets : qu’est-ce qui vous a inspiré ces thèmes ?
Ce sont tout à la fois mon amour pour les forêts et les éléments naturels, et mes origines slaves qui m'ont inspiré le thème de ce livre. Je dois avoir du sang chamane en moi...
Pouvez-vous nous parler des débuts du projet lors de votre résidence d’artiste à Manosque ?
Les débuts d'un projet comme celui-ci sont toujours aventureux. En tant qu'artiste du livre non formatée, j'ai besoin d'un temps de création très libre pour aller chercher dans l'expérimentation libérée de toute contrainte commerciale, le futur langage que je vais adopter pour tel ou tel projet.
Une résidence d'artiste sert justement à cela : s'autoriser à prendre le temps d'expérimenter, chercher, trouver, et même se tromper ! La lumière de Manosque était splendide pour trouver des couleurs vibrantes, et j'ai aussi eu un grand atelier à disposition. Un espace de création est primordial pour un artiste. Enfin, j'ai pu tester auprès des enfants mes premières images et avoir leurs précieux retours.
Quelles sont les différentes techniques utilisées pour la création d’un tel livre objet ?
Ce livre-objet est réalisé en linogravure. C'est une technique artisanale et entièrement manuelle, qui demande beaucoup de temps et d'étapes. On encre des plaques sur lesquelles on a reporté les illustrations, puis on les imprime à l'aide d'une presse manuelle. Chaque couleur nécessite un passage de plaque.
Parfois, je me dis que je suis folle de vouloir réaliser des albums en gravure ; mais la passion de cette esthétique est la plus forte : le rendu des images est particulièrement organique et vivant ! C'est un livre-exposition à haute exigence artistique, que j'ai voulu offrir aux enfants et à leurs parents...
Vous évoquez dans l’album, la tradition de décorer les sapins au cœur des forêts : la pratiquez-vous ?
Quelle jolie question. Je vis encore en ville, et la Nature me manque. Je ne peux pas pratiquer cette activité au quotidien.
Une année, j'ai décoré un sapin maltraité, planté dans un minuscule carré de terre au milieu du béton, à un carrefour d'une zone industrielle d'Ivry-sur-Seine. J'étais sincèrement désolée pour lui qu'il soit considéré comme un mobilier urbain. Les arbres devraient être nos partenaires privilégiés pour guérir et ré-enchanter le monde, nous aider à combattre le réchauffement climatique...
Je réfléchis actuellement à l'idée d'emmener des enfants célébrer la Nature et la Culture dans des lieux non-urbains. Une nouvelle résidence de création en perspective ?