Les éléments thématiques récurrents chez Claude Ponti
Une atmosphère fantastique
qu’on retrouve régulièrement en début d’album avec des personnages malveillants et une situation inquiétante qui suscitent la peur comme l’affreux moche Salétouflaire a enterré la maison de Paloum-Pîm sous son horribileuse vile poussiéreuse étouffante (Album : L’affreux moche Salétoufaire et les Ouloums-Pims)
Répétition quelques pages plus tard pour accentuer cette sinistre présence : Les arbres fuient l’horribileuse vile poussière étouffante de l’affreux moche Saétouflaire. S’ils restaient, ils mourraient.
La notion d’espace-temps demeure déréglée
et non inscrite dans une réalité tangible telle que nous la connaissons. Les repères spatio-temporels fictifs invitent l'enfant-lecteur au lâcher-prise et à envisager davantage de possibilités en dépassant ses limites spatio-temporelles : Après avoir marché un moment à droite du nord et trois instants à gauche du sud-est, les Ouloums-Pims… (Album : L’affreux moche Salétoufaire et les Ouloums-Pims)
[...] Les Zieutilles se dépêchent d’aller voir ce qui se passe dehors plus loin dans les ailleurs d’autre part/grimpent dans les grottes des vieux bébés (Album : L’affreux moche Salétoufaire et les Ouloums-Pims)
Jour matin tôt, aux environs de l'heure exacte où les poussins dorment encore comme des coussins rêveurs, [...] (Album : Blaise, Isée et le Tue-Planète)
La métamorphose physique
ou comment le corps reflète l'élaboration symbolique, la progression de soi face au danger, devant les épreuves morales et physiques : Isée s’en va, avec Tadoramour et l’étoile. Elle traverse un pays étrange où elle et ses amis sont parfois immenses et grands…et parfois minuscules et petits. (Album Mô-namour)Ce n’est pas sans rappeler le roman de Lewis Carroll, Les Aventures d’Alice au pays des merveilles, publié en 1865 au sein duquel les non-sens dépassent les réalités géographiques et physiques.
L'importance des lieux
comme la maison, le château, l’arbre, le passage souterrain, le vaisseau qui constituent des topos, des lieux récurrents de l’univers de Ponti...un craquement gigantesque, le toit est arraché. Des torrents de pluie s’abattent. Plus rien ne résiste. Les murs se lézardent et s’enfoncent. Les vagues valent les meubles. La fenêtre coule. La chambre est engloutie. (Album La tempête)
[...]Clarisse se demande si le vent va déraciner la maison. Mais elle ne sait pas exactement ce qu’elle préfère, que la maison s’envole ou qu’elle reste à sa place.(Album La tempête)
Des sujets et expériences douloureux
comme le rejet, la pauvreté, la mort, la violence ponctuent régulièrement les albums de Ponti par exemple avec le personnage Okilélé qui invente différents stratagèmes pour être accepté par sa famille : Album : L’affreux moche Salétoufaire et les Ouloums-Pims ou encore Isée qui a du mal à reconnaître que son ami Torlémo ne la respecte pas en lui faisant mal lors de leurs différents jeux : Une étoile, qui est tombée de sa douleur, lui dit que Torlémo n’est pas gentil. Isée ne la croit pas et prépare un gâteau à 9 étages et un rez-de-chaussée. Mais ‘étoile insiste : « Ce ne sont pas des marques de plaisir…que tu as sur le corps, ce sont des marques de douleur. Cela s’appelle des bleus. »
L’humour via des formules inattendues
comme dans l’album L'Arbre sans fin : Hipollène rétorque au méchant Ortic, qui se jette sur elle en lui disant : « Je n’ai pas peur de toi », la fameuse réplique : « Moi non plus, je n’ai pas peur de moi. »
Ou encore : Je m’appelle Isée…et je te tue dans ma vie, je te tue dans mes souvenirs, je te tue dans ton avenir, je te chasse d’eau, je te poubelle, je te hais, je te couche-culotte pleine ! (Album Mô-namour)
L'humour est également présent via l’humanisation du mobilier et des objets comme avec les vrais et les faux Teuilles : « Les faux Teuilles sont faciles à reconnaître : ils ne bougent pas. Les vrais, eux, curent, glissent, dansent, mugissent, et sont capables de sauter en cas de nécessité.» (Album Almanach ouroulboulouck)
Ou bien la tasse de café qui se promène dans l’album Schmélele et l'Eugénie des larmes